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Lorsque l’Organisation de l’Unité Africaine lance le Plan d’Action de Lagos en 1980, les rédacteurs de cette stratégie africaine de développement entrouvrent une boîte de dialogue qui pose l’importance de la mise à contribution de l’enseignement de manière à populariser ce Plan auprès des populations africaines. Cette nécessité d’ « une pédagogie de l’unité africaine », à l’évidence, incontournable, était suggérée par des experts africains, invités à titre personnel par le Secrétariat de l’OUA au Colloque de Monrovia sur les perspectives du développement de l’Afrique à l’horizon 2000. Selon ces experts, cette « nouvelle pédagogie » devait conduire ainsi à trois mesures concrètes, notamment « la création d’un Marché commun Africain, le renforcement des dispositions favorisant la libre circulation des personnes et des biens sur le continent africain, en commençant par la décision symbolique de la suppression des visas entre pays africains, et l’éducation de l’opinion publique africaine à l’unité de l’Afrique afin que l’idée ne soit pas appréhendée au niveau des responsables seulement »( Ntumba, 1994 :155- l’opinion publique susmentionnée, une place de choix est réservée à la jeunesse africaine, « ce fer de lance de la Nation », pour qu’elle soit socialisée aux vertus et aspirations de cette utopie créatrice dont l’écriture ne cesse de bousculer les Africains en quête de « la construction imaginaire d’un avenir idéal »(Barrea,1986 :70). Dans son projet de la renaissance africaine qu’il assoit sur « le panafricanisme rationalisé », Kodjo repose constamment son espérance sur la jeunesse africaine pour « imposer l’Afrique aux autres »(Kodjo, 1985 :11, 245). Si Decraene a, à juste titre, intitulé un de ses ouvrages Vieille Afrique, Jeunes Nations, nous pouvons également, en nous autorisant quelques déplacements des mots, évoquer l’Afrique de vieux dirigeants d’aujourd’hui qui sera celle des Etats des jeunes dirigeants de demain ! Le renouvellement de la classe dirigeante en Afrique est en œuvre et il n’y a pas de doute que « la génération des indépendances » (Mbembe,1985 :7) soit appelée à occuper des hautes fonctions politiques dans les pays africains demain et après demain. C’est cette importance de la jeunesse comme catégorie sociale appelée à assurer la relève dans la conduite des destinées de l’Afrique de demain qui nous amène à faire une lecture africaine de soi en explorant la conscience sociale des « Pas de représentation neutre, ni d’expérience neutralisée. » Marion, 1995 :355. « Ce ne sont pas les actes, ce sont les mots qui sont le moteur du monde. » Hein, 1997 :52. étudiants en rapport avec la problématique de leur identité, du nationalisme et de l’idéal panafricain dans ce monde globalisé. En effet, quoique l’opinion, comme le dit Foucault, ne soit en quelque sorte que « l’écume des structures plus profondes »1, le savoir qu’elle nous offre peut donner lieu à réajuster « les écritures africaines de soi » (Mbembe, 2000 :4-19). Trois moments structurent l’articulation de cette étude. Dans un premier temps, nous présentons la méthodologie et la problématique de l’enquête ; ensuite, les caractéristiques de la population atteinte et, enfin l’analyse des réponses reçues aux questions posées avant de tirer la conclusion.
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